Histoir et géographie

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Les passes du bassin d'Arcachon

Les cartes Les passes

Ces images sont extraites d'un dossier dressé en mars 1959 par le Laboratoire central d'hydraulique de France, pour un "Projet d'étude des accès et des rivages". Les plans ont été repris d'une étude de M. Caspari, "ingénieur hydrographe" de 1874.
Elles montrent mieux que le plus long des discours l'insoluble problème auquel voulaient s'attaquer nos hommes si volontaires et si assurés de la puissance des nouvelles techniques du XIXème siècle. Ils voulaient faire d'Arcachon et de sa rade un port de commerce ou de guerre, en "dressant les passes d'entrée, au sens où on dresse un tigre: les passes sont indomptables et n'en ont de tous temps fait qu'à leur tête.
La presqu'île du Cap Ferret est tantôt ici tantôt là, la pointe d'Arcachon en face se promène elle aussi, au gré du vent, des courants, de son envie, dirait-on.
Pour s'y retrouver et pouvoir comparer les cartes, Caspari a eu la bonne idée de faire figurer sur la carte, l'emplacement du phare du Cap Ferret et en face, de la pointe du Sud, en 1872.
En 1768, le phare est dans l'eau, en 1826 il est au milieu de la presqu'île. La pointe du sud est en 1768 loin de l'eau, en 1865, elle est au creux d'une presqu'île qui s'est formée avec l'île de Matoc...

Je vous engage vivement à lire cette page d'un spécialiste du bassin, Robert AUFAN, (Société Historique et Archéologique d'Arcachon et du Pays de Buch), où il explique de manière lumineuse le cycle de vie des passes.

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1768En 1768, le chevalier de Kearney dresse les plans du bassin d'Arcachon. Il ira jusqu'à baliser une nouvelle passe de sortie du bassin, légèrement au sud de la pointe du Sud.
Au milieu des passes, une île, l'île de Matoc, qui dans une lente migration vers le sud, ira bientôt se greffer à la terre, près de la pointe du Sud.
Le Phare serait ... dans l'eau, la pointe du Sud est largement à l'intérieur des terres: le lent mouvement du nord vers le sud va commencer: le Cap Ferret va gagner sur le sud, la côte en face va s'éroder.

 

 

17681810 : M. Jules Tassard arrive une quarantaine d'années après le chevalier de Kearney. Le Phare est maintenant dans les sables de la pointe du Ferret, la pointe du Sud s'est rapprochée de l'eau, l'île de Matoc a disparu..

 

 

 

 

 

17681813 : M. Raoul nous montre la poursuite de l'avancée de la pointe du Ferret vers le Sud, trois ans après les travaux de M. Tassard. Au sud, l'érosion se poursuit. Entre les deux, des bancs que séparent la passe du Sud et celle du nord que l'on voit commencer à s'ouvrir

 

 

 

 

 

1826MM. Beautemps et Beaupré nous livrent ici une vue saisissante du Cap Ferret qui paraît vouloir rejoindre la côte sud et fermer le bassin. Nous sommes en 1826, une soixantaine d'années après les plans du chevalier de Kearney, quand le phare était dans l'eau...

 

 

 

 

 

18351835 : Onze ans après, la carte dessinée par M. Monnier montre que le Cap Ferret a commencé à refluer vers le nord.

 

 

 

 

 

 

1854En 1854, l'érosion au sud s'est faite très puissante; des bancs se sont reformés au nord des passes; la passe du sud a remonté au centre. M.Sawicz a retrouvé l'île de Matoc, c'est maintenant un banc de sable parallèle à la côte du sud.

 

 

 

 

 

1865Avec MM. Bouquet de la Grye et Caspari, en 1865, l'île de Matoc a terminé son lent voyage vers le sud : elle est maintenant une presqu'île, dessinant un bassin au sud de la dune du Pilat.

 

 

 

 

 

 

18721872 : Nous achevons notre voyage dans le temps de plus d'un siècle avec une carte de M. Caspari. La presqu'île de Matoc est encore là mais elle ne tardera pas à disparaître. La pointe du Ferret a retrouvé "sa" place, mais elle va continuer à bouger.
Ces quelques cartes nous auront permis de voir que les mouvements qui affectent les bancs de sable, les "terres", les passes en général sont incessants et de grande ampleur. Alors comment imaginer de pouvoir domestiquer une telle puissance ?

 

 

 

1768-1826La juxtaposition de ces deux cartes donnent l'ampleur du cauchemar de nos ingénieurs: entre 1768 et 1826, soit en 58 ans, la pointe du Ferret a avancé de plusieurs kilomètres vers la côte du sud, qui elle-même a subi une formidable érosion.
Pour pouvoir comparer ces différents relevés, l'ingénieur Caspari avait pris la précaution d'y faire figurer la position du phare du Ferret et de la pointe du Sud en 1872. Pour les rendre visibles, j'ai rajouté un point rouge pour le phare, et un point bleu pour la Pointe du sud. Impressionnant, n'est-il pas ?

Février 2004 : Franck Albert, auteur d'un site remarquable sur la pinasse, est lui aussi un "fou de bassin" : il a pris les relevés de l'étude de M. Caspari et il en a fait cet étonnant diaporama: cliquez sur l'image ci-dessous et vous verrez défiler devant vous les différents états des passes entre 1768 et 1875

Les passes

18/02/14